L’atelier Transversales s’est rendu à la 18e exposition de la Biennale d’Architecture de Venise cet été : « Le Laboratoire du Futur » (commissaire générale : Lesley Lokko). Ces évènements se déroulent tous les deux ans, alternant avec la biennale d’art contemporain (de mai à novembre).
L’objectif des biennales est de mettre en avant et exposer le travail de nombreux architectes ou artistes au-delà des frontières, jusqu’au continent africain mis à l’honneur cette année dans le pavillon central de l’exposition. Véritable symbole et pionnier dans l’utilisation de ressources locales, de ventilation naturelle et d’innovations constructives comme sociales, cette première partie de l’exposition rétablie le « déséquilibre d’une architecture occidentale-centrée » (1)
Ce laboratoire du Futur alterne donc entre critique d’une société de consommation, de ressources à réinventer ou à détourner, d’une démarche autour de l’humain ou de façon plus globale une mise en avant du vivant comme pour le Pavillon Belge In Vivo. Le collectif d’architectes belges Bento réalise à partir de mycélium (filaments de champignons) un nouveau matériau, du panneau à la brique, apportant confort acoustique, thermique et pouvant s’assembler sans mortier grâce à sa prolifération.
Depuis leur laboratoire jusqu’à la rencontre de nouvelles disciplines : entreprises d’économie circulaire, designers, philosophes et ethnologues, anthropologues, biologistes, leur approche transversale permet de repenser les usages et la manière de considérer un matériau non plus inerte mais bien vivant et continuant à l’être. (2)
Divers thèmes sont abordés bien que parfois certains pavillons puissent paraître décalés :
Un pavillon Manifeste avec le collectif AAHA (Pas à vendre) pour entre-autre un habitat solidaire afin de repenser le vivre ensemble, mutualiser les espaces communautaires et les services a contrario des politiques du logement social actuelles ; un pavillon Brésilien entièrement recouvert de terre crue dialoguant sur la décolonisation de par leur pratiques ancestrales et la décarbonatation (Terra) ; un pavillon autour de l’alimentaire pour les espagnols (Foodscapes) et son impact sur le territoire et l’architecture. Les français ont quant à eux misés sur la fête et l’utopie, une mise en scène libre d’interprétation (Ball Theater - la fête n’est pas finie), et bien d’autres expositions encore…
Finalement, nous pouvons nous rendre compte assez rapidement que le Laboratoire du Futur qui nous est présenté n’est sans cesse qu’une réinterprétation et une prise en compte du passé ou du déjà-là: patrimoines, traditions, cultures, histoires, traumatismes, flux migratoires, avancées, contextes, géographies, etc. Et que la réflexion n’est que plus riche lorsque nous regardons autour de nous, au-delà de notre propre pratique.
Sources
1.« La Biennale de Venise recentre le monde de l’architecture »
Margaux Darrieus, 23.05.2023, AMC
2. « La clé des fonges est à la Biennale de Venise »
Xavier Flament, 26.05.2023, Mise à jour 08.06.2023, L’Echo
Photographies : Transversales - Atelier d’Architectures, Laura MILLAN
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